Charente 17


Voyage en Charente 17

Lundi 25 mai 2020, il est 13h

Vivre libre, être libre, décider et passer à l'action, n'est-ce pas là une partie du bonheur que tout le monde semble chercher !

Je suis sur le départ avec ma randonneuse Delaporte des années 80. Déjà il y a un an nous découvrions routes et virages espagnole, les plaisirs mais aussi les mauvaises épreuves le long d'un voyage de 24 jours vers Compostelle d'environ 2400kms

Voila déjà quelques jours que je cherchais une motivation, une direction. Hier, dimanche, le téléphone m'invita à déjeuner chez une amie. Le vélo était prêt. Il attendait. C'est donc lundi que je décide de me laisser pousser par le vent assez fort qui m'indique la direction d'une côte Atlantique que j'affectionne particulièrement.

Bye bye Cognac pour qques jours et direction Talmont, Meschers puis suivre les falaises jusqu'à Royan ou après, chercher un lieu où coucher et demain mardi je passerai le pont de l'Iles d'Oléron, vers cette terre que je trouve magique, aux odeurs si particulières, aux couleurs si débordantes où l'on trouve encore l"esprit" charentais de ces derniers résistants à la civilisation bien que... admettons tout de même qu'il n'est pas chose facile d'apprivoiser le marin pêcheur mais n'est-ce pas cela qui est aussi merveilleux !


Lundi 25 mai, il est 18h

Je décide de me poser au 93e km à La Palmyre, à l'espace camping-car après autorisation de l'office de tourisme. Oui nous sommes en période de déconfinement covid19 et les camping sont encore non autorisés à ouvrir.

En fait cela me permet d'une certaine façon de passer progressivement du camping au bivouac sauvage !

Cette première étape fût venteuse mais vent poussant cela me permet d'afficher ce lundi une distance très honorable.

Comme prévu, à la sortie d'Arces entre Cozes et Talmont la vue de l'océan fut magique et déclencha chez moi de fortes émotions.

Puis la resplendissante église de Talmont, son village, les carrelets de Meschers, son vieux port, la plage de Royan, la forêt et le zoo de la Palmyre où enfin je peux me poser, installer mon campement sur un espace herbeux tout broche d'une table et banc, puis faire ma rapide toilette à l'eau de cologne coupée avec de l'eau (méthode cycliste) me changer et publier sur mon compte Facebook cette première étape agrémentée de photos.


Mardi 26 mai 2020, il est 8h45

La tente plantait très proche de l'Océan j'ai pu apprécier hier soir ce dernier, sentir l'odeur iodée, écouter le chant des vagues et de ses quelques passants, mais aussi jouer de l’œil avec le soleil qui partait se dissimuler à l'horizon Ouest.

Au retour, j'ai préparé le petit dîner avec deux œufs durs pris le matin avant mon départ et la fameuse semoule bien pratique pour le routard. De l'eau bouillante que l'on verse et comme par magie le repas est prêt ; bon je dois avouer que j'agrémente ce plat d'une sauce tomate sinon ça devient assez bourratif.

C'est après que je suis lancer dans la lecture du premier Roman de Florent Roy dans lequel où je découvre des mots qui raisonnent bien en moi, puis vers 21h direction le couchage avant de constater rapidement que mon matelas gonflable est pour la seconde fois percé (triste).

Bon on va faire sans et attendre la fraîcheur du matin pour enfiler le sweat à capuche laissé tout proche. Oui je n'aime pas ces duvets où on se sent emprisonné donc je ferme seulement aux pieds et il fait office de couverture.


A 8h00 j'ouvre la fermeture Éclair de ma tente, remarque le soleil, ce vent qui couche les hautes herbes, je m'amuse des oiseaux déjà présents et décide de me lever.

Après démontage, pliage et rangement de tout le nécessaire à une bonne nuit : tente, duvet, fine couverture polaire, matelas, oreiller gonflable je sors mon petit-déjeuner et m'installe à la table face au soleil levant de l'Est.

Eau chaude, thé et pain complet en guise de premier repas avec dame nature puis le temps viendra de vous laisser, charger ma bicyclette de presque 30kg et je partirai découvrir l'Iles d'Oléron.

Proche de moi quelques camping-car. J'observe ; je m'interroge. Pourquoi fuient-ils leur maison de pierre pour se retrouver devant leur dîner et poste de télévision !


Mardi 26 mai 2020, il est 14h00

Je pose le vélo au 67e km plus précisément au phare de Chassiron ayant quitté au matin celui de la Coubre tout proche de La Palmyre. Je quitte celui vêtu d'une robe aux bandes horizontales rougse et blanches pour retrouver celui-ci en noir et blanc. (Sourire)

J'ai donc parcouru ce matin presque 70 kilomètres avec plus de difficulté qu'hier dût au vent Est Nord qui souffle fort. Le passage sur le pont vu un moment délicat mais gérable si on tient bien les commandes de la bicyclette.

Il m'aura valu tout de même un brin de persévérance pour atteindre Chassiron où j'ai déjeuné simplement (avocat acheté à l'épicerie juste avant et banane) mais miracle, j'ai pu acheter une bière bien fraîche juste avant, mais chuttt, c'est interdit m'a-t-il dit !

Assis sur un banc, le majestueux phare noir et blanc se trouve derrière moi, je suis face à l'Océan à marée basse qui a laissé ces traces. Le vent est fort, couche les herbes, caresse le visage et permet de supporter un peu mieux la forte chaleur du jour. Cet un enchantement d'être assis là.

Je dois également commencer à réfléchir à ma soirée, mon itinéraire… car le cyclo-campeur doit généralement sur les coups de 17h commencer à prévoir son couchage du soir.

Je n'arrive à me décider entre dormir sur l'îles ou pas alors je reprends la route, questionne ma bonne étoile et lui demande de me guider.


Mardi 26 mai 2020, il est 18h00

Le hasard n'existe pas on se plaît de dire. Alors voici mon histoire.

Marennes il est 18h, je suis assez fatigué après mes 115km du jour, j'ai besoin d'eau, je cherche où dormir, je commence à m'inquiéter... et j'ai tord.

Les fontaines à eau dans les villes n'existent plus ou presque, les robinets dans les cimetières sont trop souvent interdits ou on écrit en gros "Eau non potable", les camping sont fermés, l'office de tourisme également, nous sommes en déconfinement du covid19

Pourtant j'ai bien suivi mon instinct ou intuition... à la question : que dois-je faire ? Je reste sur l'Iles ou bien je me dirige vers Marennes ?

Il est urgent que je trouve mon lieu où planter ma tente sans oublier cette eau vitale pour boire mais celle aussi du repas du soir et du thé matinale.

Je croise alors une famille :

- Bonsoir. Savez-vous où je peux trouver de l'eau ?

- Là au port demandez aux hommes.

Je m'y rend, fais mes salutations et ma demande en eau. Un monsieur m'ouvre les portes et je remplis mes deux gourdes.

- La plage, les campings (je pensais aire camping-car) c'est par là ? Je cherche un endroit où dormir. Vous connaissez ?

- Chez moi si vous êtes en auto suffisance (une tente). Je propose la douche...

Voilà comment en demandant je reçois gentillesse et confort, repas, douche et vous savez quoi ! Mon hôte est un cyclo campeur qui a écrit quelques livres, son épouse une adorable personne Psychanalyste et Bouddhiste. Autant vous dire que j'ai adoré la soirée, les discussions... tout à fait mon trip.

La vie en fait simple et magique si on y croit et que l'on demande juste son bon chemin. Merci la vie !


Mercredi 27 mai 2020, il est 11h00

Je me pose au 25e kilomètre à l'abbaye de Sablonceaux.

Ce matin je n'ai pas pris le temps de me poser durant mon petit déjeuner et alimenter ma page Facebook, d'ailleurs ma mère s'en inquiétera, car j'étais chez mes hôtes et je ne souhaitais pas le déranger plus en imposant trop ma présence matinale.

Je décide donc de partir et j'en oubli même de repasser par le centre de ville de Marennes afin de photographier l'imposante église. Ça sera pour une autre fois !

J'ai décidé de remonter par Le Gua, l'abbaye de Sablonceaux et direction retour Cognac à moins que de nouveau le hasard m'interpelle (sourire) et ne plus viser le nord de Charente.

Le vent souffle toujours aussi fort mais aujourd'hui c'est bien de face qu'il se manifeste. Je plafonne entre 17 et 19 km/h et le moindre faux plat montant ma vitesse s'écroule.

En fait ce n'est pas les kilomètres qui faut compter en cyclo-campeur, mais bien les heures de selle car les moyennes sont très basses.

Je visite l'Abbaye, me pose dans le jardin de devant et m'alimente un peu avant de repartir. Là aussi le cofid19 a laissé des traces. Des hommes et des femmes s'activent en intérieur. Pas un de s’inquiète de ma présence.


Mercredi 27 mai 2020, il est 17h00

Me voilà de retour à Cognac et fin d'un voyage vélo de 288km en 3 jours et 2 nuits

Aujourd'hui j'ai avalé 80km vent de face ou trois quart face toute la journée et ajoutant la chaleur cela donne un bon cocktail de ras le bol.

Sur le retour, à Saintes j'ai fait une halte devant le magnifique arc Germanicus antiquité romaine, avec en fond le basilique Saint-Eutrope. Plus loin à Chamiers, j'ai salué mes amis Jean Christophe et Emmanuelle #coronaclub leur création durant le confinement obligatoire.

Les retours sont toujours délicats car il faut maîtriser ce dernier sans être trop dans la déception de retour maison et c'est toujours un manque d'inspiration.


Bilan : Toujours un plaisir immense de vivre ces moments de voyage qui sont intenses, certaines émotions fortes qui font jailler de votre âme quelques larmes, ces hasards avec ces rencontres... ces senteurs..., mais aussi ce plaisir sportif car cela en est un de pouvoir aligner 288 kms en 3 jours avec 20kg de bagages, et toujours cet étonnement de partir 3 jours, 2 nuits en vacances pour seulement 13€85 repas et hébergement inclus ! Oui oui tout est possible.


Piste cyclable : Lors de mon petit voyage j'ai emprunté une très agréable piste cyclable entre le phare de la Coubre après La Palmyre et Marennes.


En fait si j'ai hautement apprécié l'absence de voiture, j'ai détesté m'éloigner de la civilisation et ainsi des villages que j'aurai dû traverser comme Les Mathes, Arvert. J'aime lors de mes voyages observer les constructions, les édifices, l'urbanisme, photographier pour partager... m'arrêter à une terrasse de café, m'arrêter à une épicerie. Voir la civilisation et non fuir l'urbanisme et être seul sur ma piste.


Je précise que 90% des pistes cyclables en France sont abîmées et ne permettent pas de rouler sereinement à plus de 20/22 km/h avec un velo de 30kg et des pneumatiques de 700x28.


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